Daniel Hilfiker, juge-arbitre de Swiss Athletics, vient d’obtenir la prestigieuse certification World Athletics Referee Bronze (WARB). Il est le seul Vaudois à détenir ce niveau de reconnaissance internationale. Nous l’avons rencontré pour en savoir plus sur son parcours, son engagement et sa vision de l’arbitrage en athlétisme.
Félicitations pour cette certification ! Peux-tu nous expliquer ce que représente le titre de World Athletics Referee Bronze et ce qu’il permet concrètement sur le terrain ?
Au niveau des compétitions en Suisse celà ne change rien par rapport à la fonction de Juge-Arbitre Expert. Par contre, cette certification permet d’être engagé par World Athletics comme juge arbitre pour des compétititons internationales en Suisse et hors de Suisse.
Comment s’est déroulé le processus de formation et d’évaluation pour obtenir cette certification ?
Il y avait des documents et des Webinaires sur le site de World Athletics pour nous aider à nous préparer. Le reste consistait en une formation individuelle, comme par exemple, la lecture des divers règlements émis par World Athletics.
L’examen d’une durée de 3H s’est fait en ligne avec des questions à choix multiples, sans utilisation d’aucun support. Il fallait obtenir 70% de bonnes réponses pour réussir l’examen.
Qu’est-ce qui t’a motivé à suivre cette formation internationale, alors que tu étais déjà juge-arbitre reconnu en Suisse ?
J’ai suivi cette formation dans le but de développer mes connaissances et pour pouvoir ensuite arbitrer à un niveau plus élevé. De plus, il semble que cette formation sera très certainement à l’avenir le minimum requis pour être Juge Arbitre Expert en Suisse.
Tu es actuellement le seul Vaudois à avoir ce niveau de certification. Ressens-tu une responsabilité particulière vis-à-vis de la relève et de la formation des officiels dans le canton ?
Naturellement, je désire transmettre mes connaissances à la relève et à la formation des officiels dans le canton. Nous avons besoin de nouveaux juges arbitres afin de remplacer prochainement les juges arbitres cantonaux qui ne sont plus si jeunes.
Quelles différences observes-tu entre l’arbitrage au niveau national et international, en termes de rigueur, de procédures ou d’organisation ?
Il n’y a pas de grandes différences entre l’arbitrage international et Suisse. Je suis d’avis qu’il est même plus simple d’arbitrer au niveau international étant donné que les athlètes et les officiels connaissent mieux les règlements. Par contre, on sera plus strict et intransigeant sur le respect des règles et au niveau du comportement lors de meetings internationaux.
Quelle a été l’expérience la plus marquante que tu as vécue en tant que juge-arbitre, avant ou après ta certification ?
C’est clairement le fait d’avoir assisté comme juge arbitre au record d’Europe du 400M haies de Femke Bol en 2024 à La Chaux-de-Fonds et d’avoir ensuite dû signer le protocole de record d’Europe.
L’arbitrage est souvent vu comme une activité exigeante mais discrète. Comment fais-tu pour rester concentré et impartial lors de compétitions où la tension peut être très forte ?
Il faut toujours rester calme lors d’un problème ou de tensions. Ensuite, après quelques instants de réflexion il faut analyser la situation et discuter avec ses collègues Juges-Arbitres. Il ne faut jamais prendre de décision à chaud sans avoir pris d’abord du recul. Je suis d’avis que dans la mesure du possible il faut agir dans l’intérêt de l’athlète en respectant les règles.
Comment vois-tu l’évolution du rôle des juges et officiels dans l’athlétisme avec l’arrivée de nouvelles technologies (vidéos, capteurs, etc.) ?
Les juges arbitres seront de plus en plus des garants du bon déroulement des compétitions et surtout un soutien important et indispensable pour répondre aux questions et soucis des juges de concours. Une autre tâche indispensable sera de s’assurer, avant et pendant la compétition, que toutes ces nouvelles technologies fonctionnent parfaitement.
Quels conseils donnerais-tu à un jeune officiel qui souhaite progresser et peut-être un jour viser une certification internationale comme la tienne ?
Le jeune officiel devrait tout d’abord suivre la formation en ligne NAR (National Athletics Referee) de World Athetics. Ensuite, je lui conseille d’accompagner un juge-arbitre lors d’une manifestation, puis dès qu’il estimera avoir assez d’expérience de s’inscrire à la formation de juge arbitre cantonal donnée par le responsable romand des Juges-Arbitres.
Par la suite, il pourra plus tard se former comme juge-arbitre Expert auprès de Swiss Athletics puis plus tard tenter la certification WARB.
Quelle place occupent la collaboration et l’esprit d’équipe dans le bon déroulement d’une compétition d’athlétisme ?
Elle occupe une place très importante dans le déroulement d’une compétition. C’est la base pour que la compétition se déroule bien. C’est une tâche importante dans le rôle du juge-arbitre de s’assurer que cela soit bien le cas.
As-tu des objectifs futurs en tant que juge-arbitre, par exemple officier lors de compétitions européennes ou mondiales ?
Oui je désire participer comme juge arbitre à des compétitions internationales. Je l’ai déjà fait à de nombreuses reprises en officiant par exemple à Athletica Genève, au meeting International de la Chaux-de-Fonds ou au nouveau meeting international de Fribourg.
Revenons un peu en arrière : comment es-tu tombé dans l’athlétisme et qu’est-ce qui t’a donné envie de t’impliquer au-delà de la pratique sportive ?
J’ai débuté l’athlétisme en 1977 au CARE-Vevey (devenu CA Riviera en 2016) en tant que coureur de demi-fond (principalement le 1500M). Depuis mes débuts comme athlète, j’ai toujours aimé aider lors des manifestations et m’impliquer dans la vie de mon club.
Au milieu des années 80, j’ai rejoint le comité de mon club tout d’abord comme caissier, puis en 1996 comme président pendant 20 ans. A ce jour, je suis toujours membre du comité comme responsable de l’organisation des manifestations tant sur le stade que hors stade.
J’ai aussi été pendant quelques années caissier de l’ACVA.
En 2002, j’ai suivi la formation de juge-arbitre cantonal, puis en 2013 celle de Juge-Arbitre Expert de Swiss Athletics.
Depuis une petite dizaine d’année je suis également NTO (délégué technique de Swiss Athletics).
J’officie également environ 10 fois par année comme speaker dans diverses manifestations d’athlétisme depuis plus de 20 ans.
Depuis environ 8 ans, je suis membre de la Commission Running de Swiss Athletics.
Quel souvenir personnel en tant qu’athlète ou entraîneur t’a marqué et influence encore aujourd’hui ta manière d’arbitrer ou de gérer une compétition ?
Rien de particulier, mais comme déjà dis un peu plutôt être juste, impartial et aller dans le sens de l’athlète est ma devise lorsque je suis un terrain d’athlétisme en tant qu’officiel, athlète ou spectateur.