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Interview avec Kim Beytrison, entraineur du relais 4x100m féminin U23

 

 

Quel est ton premier sentiment à chaud après cette magnifique médaille d’argent du 4×100m féminin à Bergen ?

Mon premier sentiment est celui du soulagement, parce que je savais ce dont elles étaient capables, mais il fallait garder la tête froide face à une concurrence solide et délivrer un niveau de performance extrêmement élevé. Tout de suite après, je suis extrêmement fier d'elles pour l'avoir fait, et heureux qu'elles puissent savourer ce moment. Il s'agit d'expériences positives qui les motiveront peut-être à choisir la voie exigeante du sport de performance.

Selon toi, qu’est-ce qui a fait la différence pour décrocher ce podium européen ?

La capacité à garder ses émotions sous contrôle durant l'exécution des parties techniques est primordiale en relais. Mais ce qui a fait la différence avant tout, c'est le niveau de confiance qu'elles avaient les unes envers les autres : elles savaient que le témoin arriverait et que chacune ferait sa part. Elles n'ont pas tremblé, les passages ont été maîtrisés et les parties de course entre chacune ont été rapides.

Comment s’est passée la préparation ces dernières semaines pour arriver en forme le jour J ?

Pour être honnête, il n'y a pas eu de préparation spécifique au relais durant les 10 derniers jours. Chacune des athlètes était occupée durant le championnat avec sa discipline individuelle, laquelle avait bien évidemment la priorité jusqu'à l'engagement du relais. Avant cela, en revanche, nous avions préparé différentes compositions lors d'entraînements et de compétitions importantes en Suisse, comme AtletiCAGenève. Puis, un dernier entraînement a eu lieu 11 jours avant les séries du 4x100 m à Bergen.

Tu coaches maintenant les relais U23 et élite. Comment gères-tu les différences d’approche entre ces deux groupes ?

Il y a davantage de travail technique chez les plus jeunes, d'expérience à acquérir dans la gestion des émotions. Au-delà de ça, j'essaie de mettre en avant la communication et la confiance, qu'il s'agisse du relais U23 ou du relais élite. Dans les deux cas, j'aimerais que les individualités fortes se mettent au service du collectif. C'est plus difficile chez les athlètes élites, car elles participent à davantage de compétitions à l'étranger. Cela rend la planification des entraînements de relais en Suisse un peu plus compliquée, mais la clé est à nouveau la communication. En discutant individuellement avec les athlètes et les entraîneurs, j'essaie de montrer que chaque membre est une pièce importante du puzzle.

L’expérience acquise avec les U23 t’a-t-elle aidé à construire un collectif solide pour l’équipe élite ?

Le projet élite commence tout juste, il est encore tôt pour tirer un bilan. En revanche, je peux dire que l'innocence des U23, leur fraîcheur, leur bonne humeur et leur envie de courir pour le relais sont des aspects que j'essaie de mettre en avant dans le relais féminin. À titre personnel, je m'efforce de transmettre mon enthousiasme et mon plaisir d'être là. Bien entendu, des athlètes rapides individuellement sont indispensables, mais des athlètes en bonne santé physique et mentale, qui se sentent bien durant les activités de relais, me semblent tout aussi importants. J'aimerais créer une "safe place" pour tout le monde, un groupe dans lequel on se sent bien pour évoluer.

Le relais, c’est un vrai sport d’équipe dans une discipline très individuelle. Comment arrives-tu à créer une vraie cohésion entre les filles ?

Dans cette équipe U23, c'est facile, parce qu'elles sont toutes copines, la cohésion existe déjà. Je dois avant tout favoriser un lien de confiance entre elles et moi. Mon principal atout dans cette tâche, c'est que je coach des relais et encadre des athlètes lors de grands championnats depuis des années. J'ai déjà eu l'occasion de collaborer avec bon nombre d'entre elles, et le courant passe bien. Une fois que ce lien est créé, c'est plus facile de véhiculer des valeurs comme l'entraide et le respect, de mettre le collectif au centre pour favoriser la performance.

Y a-t-il eu un moment de doute pendant la compétition ? Si oui, comment l’équipe l’a-t-elle surmonté ?

Non. Ça peut paraître arrogant, mais ça ne l'est pas. J'avais une confiance aveugle dans ce qu'elles pouvaient faire et j'étais certain de la direction que je prenais. Si la composition pour chaque course n'était pas connue longtemps à l'avance, il était clair que nous étions capables de belles choses.

Tu travailles sur plein d’aspects techniques : départs, transmissions, rythme... Qu’est-ce qui, selon toi, a vraiment fait la différence à Bergen ?

D'une part, le timing à la marque était bon, ce qui a permis des transmissions de bon niveau. Lorsque le timing est mauvais, que les athlètes partent trop tard ou trop tôt, le passage est plus lent, car il faut ajuster la distance pour transmettre le témoin. Avec un bon timing, ce réglage est automatique et la transmission est plus rapide. D'autre part, chaque athlète était au top de sa forme, et je dois remercier les entraîneurs individuels de les avoir aussi bien préparées.

L’effectif du relais comprend aussi des remplaçantes qui jouent un rôle essentiel. Comment gères-tu leur intégration et leur motivation, même quand elles ne courent pas en finale ?

Encore une fois, la communication est la clé. Au sein d'une équipe, il existe différents rôles. J'en informe les athlètes le plus tôt possible pour qu'elles puissent s'y préparer et l'endosser. Celui des remplaçantes est double : elles doivent se préparer comme les titulaires pour courir, car s'il arrive quelque chose, elles prendront leur place. Et elles doivent transmettre à l'équipe toute leur énergie positive, de la sécurité et de la confiance.

Est-ce que ce résultat va modifier ta stratégie ou ton approche pour les prochaines échéances ?

Non, au contraire, cela me conforte dans certains aspects que j'avais pressentis et sur lesquels j'ai davantage travaillé cette année : la confiance et la communication deviennent chez les U23 plus importants que les aspects techniques. Cela est évidemment rendu possible par un focus sur la technique dans les premières années d'expérience au sein du 4x100 m U20, et mes collègues responsables de cette catégorie d'âge font un travail exemplaire. Notre philosophie de formation constitue un long apprentissage pour performer de manière idéale à chaque palier de développement, et les différentes médailles obtenues dans les catégories jeunes depuis 2023 montrent que nous sommes sur une bonne dynamique.

Comment vois-tu la suite pour ce groupe ? Tu penses déjà aux Mondiaux, voire aux JO 2028 ?

Certaines athlètes de ce groupe ont montré un niveau prometteur et seront certainement intégrées au projet élite tôt ou tard. Deux d'entre elles se sont déjà rendues en Chine pour les World Relays. Il est encore tôt pour parler de Los Angeles, mais pour Tokyo, plusieurs vont intégrer les entraînements du 4x100 m féminin.