JO de la Jeunesse à Buenos Aires

06-18.10.2018 – JEUX OLYMPIQUES DE LA JEUNESSE À BUENOS AIRES

● Trente-neuf jeunes suisses dont Melissa Gutschmidt (Lausanne-Sports/U18) ont satisfait aux critères de performance de Swiss Olympic et c’est ainsi qu’ils ont pu participer à ces troisièmes « Youth Olympic Games », en français les « Jeux Olympiques de la Jeunesse », à Buenos Aires (Argentine), ceci dans treize sports différents. Alors que la compétition était lancée depuis une semaine dans les différents sports, dont l’athlétisme, la délégation helvétique a été frappée le 15 octobre par une tragédie : le décès subit de Patrick Baumann. Notre compatriote, âgé de cinquante et un ans, a succombé à une crise cardiaque alors qui se trouvait à Buenos Aires. Thomas Bach, président du CIO, a tout de suite communiqué la nouvelle : «C’est un énorme choc qui nous a tous frappés. Nous avons du mal à y croire. D’autant plus que nous l’avons vu travailler si dur, comme toujours, pour le sport qu’il aimait. Nous perdons un jeune et sympathique leader rempli d’espoir qui se battait pour le futur du sport. Nos pensées vont à sa femme, ses enfants et sa famille». Patrick Baumann, ancien joueur, coach et arbitre de basket, était devenu en 2002 secrétaire général de la Fédération Internationale de Basketball depuis 2002, puis membre du CIO en 2007 et également président du comité d’organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Lausanne 2020. Il était considéré comme étant l’un des possibles successeurs de Thomas Bach à la tête du CIO. Pour honorer la mémoire de Patrick Baumann, le président du CIO a demandé de mettre en berne le drapeau olympique durant trois jours aux sièges du CIO à Lausanne et aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires. Le CIO a également tenu une cérémonie d’hommage au village olympique de la jeunesse. Pour illustrer la renommée de cet homme d’exception, on se permet de relater qu’on a pu assister, quatre jours plus tard à Washington DC, à une minute de silence lors du premier match de la saison de NBA (Washington Wizards vs Miami Heat). Le fait de voir la photo de Patrick Baumann sur l’écran géant de la Capital One Arena, avec 16400 spectateurs debout et respectueux d’un silence super poignant, démontre bien l’aura de cet homme, que le monde entier va regretter.
Pour en revenir aux compétitions et en particulier à l’athlétisme, les jeunes helvètes – au nombre de dix – ont dû attendre cinq jours après la cérémonie d’ouverture pour enfin entrer en lice, le 11 octobre. Melissa Gutschmidt a quant à elle couru son premier 100 m le lendemain. Pour le sprint, le format de compétition est absolument novateur et très intéressant. Finies les séries où les meilleurs athlètes se royaument face à des concurrents bien moins forts. A Buenos Aires il y a deux courses et c’est l’addition des deux chronos qui fait le classement final. Ce 12 octobre le climat sur la capitale argentine est noir et frais, avec un vent soufflant dans le mauvais sens de la piste. Trente-neuf sprinteuses sont prêtes à rugir sur la piste bleue du parc olympique de la jeunesse pour le premier tour. Melissa Gutschmidt se retrouve en première série, au couloir sept. Apparemment la Lausannoise de seize ans va jouer les premiers rôles avec trois autres européennes et une Sénégalaise, tandis que quatre autres athlètes de pays plus exotiques doivent s’attendre à prendre une sacrée mine. Même si la célèbre phrase du baron Pierre-de-Coubertin est de plus en plus vieillotte, l’important aux Jeux Olympiques – même en 2018 – c’est toujours de participer ! Sans surprise c’est Melissa qui a réussi le meilleur temps de réaction des neuf filles avec cent trente-cinq millièmes. Elle continue sur sa belle lancée, mais elle se fait reprendre par la Française Pamera Losange qui s’impose en 12″13 face à 0,7 m/s de vent. Melissa termine au deuxième rang de cette série en 12″27, juste devant l’Allemande Beauty Somuah en 12″32. Comme prévu, derrière c’est un peu le désastre : la représentante de la République de Nauru Melanie Ribauw court en 14″05, la Libérienne Princess Dunah en 14″37, la Mauritanienne Aminetou Fall en 18″02 et la Yéménite Nuha Ahmed Ali AI-Ahdal en 18″37. Dans la deuxième série, les conditions sont encore plus délicates avec 1,2 m/s de vent contraire. Deux athlètes font mieux que Melissa : la Belge Mariam Sire Oulare en 12″09 et la Japonaise Takako Niisaka en 12″22. Eole souffle tant et plus (-1,7 m/s) lors de la troisième série remportée par la Nigériane Rosemary Chukuma en 12″03 devant la Brésilienne Vitoria Pereira Jardim en 12″28. Le premier chrono sous les douze secondes est enfin réalisé lors de la quatrième série, ceci malgré un vent pointant désormais à -3,0 m/s. L’Ecuatorienne Gabriela Anahi Suarez semble très solide avec ses 11″97, tout comme la Hongroise Boglarka Takacs et ses 12″08. La cinquième et dernière série voit la représentante de Sainte-Lucie Julien Alfred courir elle aussi sous les douze secondes en 11″99 et la Colombienne Shary Vallecilla être créditée de 12″34. A l’issue de ce premier tour, compliqué au vu des conditions atmosphériques, Melissa Gutschmidt figure au huitième rang du classement.

Trois jours de pause sont bienvenus pour récupérer et peaufiner ce qui doit l’être encore, ce d’autant plus que la météo est sur le point de faire volte-face. En effet, le froid et le vent contraire du premier tour est remplacé par le soleil et un vent chaud très ou trop conciliant. Il n’en fallait pas moins pour que les chronos, bridés dans la grisaille, prennent l’ascenseur de manière supersonique au cours d’un second tour de feu et de folie. Il y a toujours cinq séries, mais cette fois les athlètes sont désormais rassemblés sur la base de leur performance du premier tour. La troisième série permet à la Mexicaine Alejandra Ortiz Hernandez de poser une véritable bombe. Dix-neuvième du premier tour en 12″52, elle se met à gagner cette série en 11″82. Ce chrono, réussi par 3,4 m/s de vent favorable, lui a fait gagner pas moins de sept dixièmes ! Cette tendance à la hausse drastique du niveau de performance est à nouveau vérifiée lors de la quatrième série avec cinq filles sous les douze secondes, dont la victoire de l’Allemande Beauty Somuah en 11″74 (+2,6). Dans ces conditions extrêmement dantesques, on se dit que la finale va engendrer des chronos de folie. Pour Melissa Gutschmidt, c’est l’occasion de disputer une finale olympique du plus haut niveau et elle va en profiter pour marquer les esprits dans le sens qu’elle nous a toujours habitués depuis deux saisons. Placée au couloir un, elle va pouvoir faire sa course sans trop s’occuper des autres athlètes. Comme au premier tour, Melissa est celle qui a réagi le plus rapidement un coup de pistolet du starter avec cent trente-six millièmes de temps de réaction. Mais très vite un trio fait la différence et se détache clairement. Le vent a soufflé à +3,3 m/s et malheureusement aucune des excellentes performances ne sera homologuée. Le classement de cette finale sera exactement celui de l’addition des deux chronos. Ainsi la Nigériane Rosemary Chukuma a remporté la course en 11″17 et s’adjuge le titre en 23″20. Au deuxième rang en 11″23, Julien Alfred de Sainte-Lucie décroche la médaille d’argent en 23″22, alors que l’Ecuatorienne Gabriela Anahi Suarez, qui menait le bal après le premier tour, a un peu craqué en 11″29 et termine sur la troisième marche du podium en 23″26. Derrière on retrouve la Hongroise Boglarka Takacs en 11″45 (23″53); elle devance trois autres Européennes : la Française Pamera Losange en 11″52, la Belge Mariam Sire Oulare en 11″57 et Melissa Gutschmidt qui pulvérise son record personnel de dix-huit centièmes avec un 11″58 malheureusement bien trop venté. Pour Melissa, ce magnifique chrono lui a fait gagner une place par rapport au premier tour. Ainsi elle se retrouve au septième rang final de ce 100 m. des Jeux Olympiques de la Jeunesse avec un total de 23″85.
Mais que valent vraiment ces 11″58 ? Au-delà de l’énorme émotion que peut procurer l’annonce d’un tel chrono, il convient tout de même de tempérer les ardeurs de certains en expliquant que courir avec 3,3 m/s de vent dans le dos, cela permet de gagner de nombreux centièmes. Sans exception, toutes les finalistes ont gagné au minimum sept dixièmes entre leur chrono du premier tour face au vent et celui de cette folle finale. Pour Melissa, il faut raisonnablement penser qu’un chrono compris entre son record personnel 11″76 et 11″85 serait sa vraie valeur en cas de vent nul. Ce qui, ne nous méprenons pas, reste tout à fait exceptionnel pour une sprinteuse âgée de seize ans et demi seulement. La magnifique prestation de Melissa Gutschmidt à Buenos Aires doit aussi être prise en exemple pour tous les jeunes sportifs de notre pays. Avec du talent et un travail sérieux, Melissa a montré qu’il est possible de s’illustrer au niveau mondial, même pour un petit pays comme le nôtre. Les sportifs suisses visant une sélection pour les prochains Jeux Olympiques de la Jeunesse d’hiver en 2020 à Lausanne feraient bien de s’en inspirer !

RÉSULTATS

7. Melissa Gutschmidt (Lausanne-Sports/U18) 12″27 et 11″58 (w) sur 100 m

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Meilleures performances vaudoises 2018

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