Championnats du monde à Londres

06-13.08.2017 – CHAMPIONNATS DU MONDE À LONDRES

Les seizièmes championnats du monde d’athlétisme qui se sont déroulés à Londres ont permis de suivre les magnifiques prestations de deux athlètes vaudoises. Lea Sprunger (COVA Nyon) a été la première à fouler la piste du magnifique London Olympic Stadium, en début de soirée du 7 août, ceci pour les séries du 400 m. haies. Alignée lors de la cinquième course, Lea a négocié et surmonté facilement tous les éléments particuliers d’une première course en championnat et ceci n’est pas anodin si on se remémore sa mésaventure de Rio 2016. Elle a couru de manière sûre et autoritaire pour remporter cette série en 55″14, juste devant la Jamaïcaine Rhonda Whyte (55″18) et la Nigériane Glory Onome Nathaniel (55″30). Avec le sixième chrono des séries, les signaux étaient passés au vert en vue des demi-finales programmées le lendemain soir. En lice lors de la deuxième des trois courses, il fallait que Lea puisse terminer dans les deux premières pour valider son ticket pour la finale. Ce ne fut pas trop difficile puisqu’une montée de son niveau par rapport aux séries aura suffi à son bonheur. C’est l’autre Jamaïcaine Ristananna Tracey qui a gagné cette demi-finale en 54″79, mais Lea a franchi l’arrivée quasiment sur la même ligne avec 54″82. Au bilan de ces demi-finales, six femmes ont clairement montré de bonnes résolutions avec la Tchèque Zuzana Hejnová (54″59), Ristananna Tracey et Lea Sprunger dans le trio de tête. Juste derrière, les Américaines Kori Carter (54″92) et Dalilah Muhammad (55″00) n’ont assurément pas encore donné la pleine puissance de leurs moyens, tandis que la Canadienne Sage Watson (55″05) prouve que son record personnel de 54″52 n’est pas dû au hasard. On le voit, il n’y aura rien de trop avec les deux jours de pause avant la finale prévue le jeudi 10 août à 21:35. Lea a l’habitude des efforts répété, parviendra-t-elle à tenir son rang des demi-finales, elle qui possède le quatrième PB de toutes les finalistes ? L’attente a été longue, mais voici les huit lionnes derrière leurs starting-blocs, prêtes à rugir. Lea, qui a tiré le couloir cinq, a derrière elle Dalilah Muhammad et devant elle Zuzana Hejnová, soit deux locomotives de premier choix. L’Américaine est partie en mode TGV et elle a un peu décontenancé Lea, qui a du coup modifié sa stratégie au niveau de son nombre de foulées. Elle s’est bien accrochée, mais aux 300 mètres il y avait trop d’écart avec les quatre premières pour aller chercher quoi que ce soit de mieux que cinquième dans le bon chrono de 54″59. En effet aux avant-postes c’est allé vite et c’est finalement Kori Carter qui s’est imposée en 53″07. Elle devance Dalilah Muhammad 53″50, Ristananna Tracey qui a amélioré son record en 53″74 et Zuzana Hejnová qui a réalisé son meilleur chrono de l’année en 54″20. Lea Sprunger, cinquième, était aux anges en affirmant que : « Faire cinquième aux Mondiaux, c’est juste génial ». Elle a aussi prouvé par la même occasion qu’elle avait nettement progressé mentalement parlant. Cette belle performance londonienne, si bonne soit elle, n’est pourtant qu’une étape supplémentaire dans la formidable trajectoire de Lea. D’autres challenges s’ouvriront à elle dès 2018 et, à n’en pas douter, la saison 2017 va représenter la meilleure des références possibles pour progresser encore plus.
Sarah Atcho (Lausanne-Sports/U23) a elle aussi vécu une semaine magnifique à Londres. Pour sa deuxième participation à cette compétition – après Pékin 2015 et une treizième place au relais 4 x 100 m. – Sarah s’est présentée non seulement au relais 4 x 100 m., dont elle est une indiscutable titulaire, mais également sur 200 m. Les séries se sont déroulées le mardi 8 aout en début de soirée. Dans la sixième course, Sarah était placée au couloir six. Outre la Camerounaise Marie-Josée Ta Lou, intouchable, il fallait surtout prendre la mesure de deux adversaires coriaces si elle voulait se qualifier pour les demi-finales : l’Allemande Laura Müller (22″65) et la Bahamienne Antonique Strachan (22″84). La course de la vice-championne d’Europe U23 a été réalisée toute en maîtrise, ce qui lui a permis d’assurer la qualification à la place en terminant au deuxième rang en 23″09. Auteur du treizième chrono de ce premier tour, Sarah avait de quoi être totalement satisfaite. Les demi-finales, programmées en fin de soirée le jeudi 10 août, ont vu Sarah placée au couloir huit de la première série, avec notamment la Hollandaise Dafne Schippers, l’Américaine Deajah Stevens et l’Allemande Rebekka Haase. Bien qu’elle possède le moins bon chrono de référence des huit femmes, Sarah n’a eu aucun complexe. Son départ a été parfait – son temps de réaction fut le meilleur de toutes – et son virage l’a été tout autant. En bonne position en entrée de ligne droite, elle a donné tout ce qu’elle a pu et cette belle attitude de guerrière lui a fait remporter une remarquable sixième place en 23″12. Sarah Atcho est donc éliminée, mais non sans panache puisqu’elle termine au quatorzième rang de ce 200 m. des championnats du monde. La journée de vendredi a servi essentiellement à la récupération et la motivation est toujours intacte; comment peut-il en être autrement au moment de prendre part au relais 4 x 100 m. ? Samedi matin 12 août, sur le coup de 10:35, l’équipe suisse composée d’Ajla Del Ponte (US Ascona), Sarah Atcho, Mujinga Kambundji (ST Bern) et Salomé Kora (LC Brühl St. Gallen) est en passe de confectionner un chef d’œuvre. Le coach national Ralph Mouchbahani a d’ailleurs bien résumé en dévoilant la tactique helvétique : « Faire ce qu’on sait faire et laisser les autres commettre les fautes ». Au couloir neuf de la première série, la Suisse va devoir cependant assurer la troisième place qualificative face à la Hollande et la France, étant entendu que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne devraient pas être inquiétées. Malgré un petit accroc entre Sarah Atcho et Mujinga Kambundji, d’ailleurs bien géré par cette dernière, la Suisse a bel et bien concrétisé son pari en terminant troisième de cette course, ceci grâce à un nouvel exploit chronométrique : 42″50, le record suisse établi lors d’Athletissima à Lausanne a été battu de trois centièmes. Auteur du quatrième temps de ces séries, à égalité avec la Jamaïque (!), le quatuor de charme a déjà réalisé un premier exploit historique, celui de se qualifier pour la toute première fois à une finale au niveau mondial, ceci après avoir terminé quatorzième en 2011 à Daegu, treizième en 2012 aux JO de Londres, douzième en 2013 à Moscou, treizième en 2015 à Pékin et douzième également en 2016 aux JO de Pékin. Le retour dans l’équipe de Kambundji n’est bien sûr pas étranger à cette métamorphose, mais on ne refait pas l’histoire. Ainsi donc les Suissesses auront un rôle à jouer lors de la finale qui doit se disputer le soir même à 22:30. A première vue, elles vont se battre pour la cinquième place, ce qui a fait dire à Sarah Atcho : « Nous pouvons prendre tous les risques désormais ». Avant cela, place à la récupération et au repos durant l’après-midi car la répétition des courses et la tension inhérente à ces moments magiques ont forcément fait perdre pas mal d’énergie aux sprinteuses. Pour l’avant-dernière finale de la soirée, et juste avant la der d’Usain Bolt, l’équipe suisse est à nouveau placée au couloir neuf. Ajla Del Ponte a réalisé un virage époustouflant et elle a transmis très rapidement le témoin à Sarah Atcho, qui nous fait une ligne droite comme jamais on l’avait vu faire. Son passage avec Mujinga Kambundji s’est nettement mieux passé que le matin, ce qui permet à la recordwoman suisse de débouler dans son virage en très bonne position. Salomé Kora a été bien lancée et elle est à la lutte avec Trinidad & Tobago et le Brésil. Elle tient à merveille son rang et coupe la ligne en cinquième position en 42″51, derrière les Etats-Unis (41″82), la Grande-Bretagne (42″12), la Jamaïque (42″19) et l’Allemagne (42″36). Ajla Del Ponte, Sarah Atcho, Mujinga Kambundji et Salomé Kora, tout sourire au moment des interviews, étaient conscientes d’avoir réussi, à l’échelle helvétique, une performance historique. « Franchement on est arrivées ici avec l’espoir de faire une finale. Après on avait rien dit pour la finale et maintenant on a montré qu’on est la troisième équipe européenne. On a montré une course très propre et je suis très très fière de toutes les filles. Quand est-ce que ça va s’arrêter ? Mais ce relais ne s’arrêtera jamais ! On a que ça en tête. On a dit aujourd’hui, on prend les témoins, notre but est de gagner. On a donné notre meilleur et pis voilà », avait lancé Sarah Atcho très volubile au micro de la RTS. Cette cinquième place est évidemment très une très brillante performance pour notre pays puisqu’elle représente l’un des meilleurs résultats suisses lors des championnats du monde. Le prochain grand rendez-vous se déroulera en 2018 à Berlin à l’occasion des championnats d’Europe qui promettent monts et merveilles. L’expérience emmagasinée durant cette saison 2017 sera à coup sûr un atout non négligeable pour cette équipe.

RÉSULTATS

5. Lea Sprunger (COVA Nyon) 54″59 sur 400 m. haies
5. Sarah Atcho (Lausanne-Sports) 42″51 sur 4 x 100 m.
14. Sarah Atcho (Lausanne-Sports) 23″12 sur 200 m.

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Meilleures performances vaudoises 2017

Photo : RTS 2 (TV screenshot)

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